Gérard Prud’homme revient sur les transports Casset des Échelles (Savoie) et le Berliet TLM 12 à cabine couchette qu’il conduisait pour eux :
« Routier dans les années soixante-dix, un métier d’homme, avec du matériel conçu à la base pour du travail de chantier et adapté en dernier recours à la longue distance, mais avec toujours les mêmes ressorts de suspension, sans amortisseurs pour la cabine de conduite ; les « coups de raquette » transmis à la sellette par les 12 m d’une semi-remorque aussi durement suspendue ; une boîte de vitesses avec un relais mécanique qui ne pardonne aucune approximation ; sans parler du débâchage à la main, en plein soleil ou sous la pluie, à 3 m du sol et sans aucune sécurité, seul pour rouler 200 kg de toile raidie par le gel ou les intempéries… Le dos souffrait beaucoup, la mécanique aussi, à commencer par toute l’alimentation en cuivre du réservoir de gas-oil à la pompe d’injection et aux filtres. Je me souviens de cette soirée de novembre 1972, à 18 h, sous la pluie, à la porte de Champerret sur les boulevards des Maréchaux, planté en plein carrefour avec une mare de gas-oil sous le moteur et l’odeur qui va avec… Rupture de la tuyauterie à l’arrivée de la pompe d’injection. Heureusement qu’un brave garagiste local pas loin de la retraite a accepté de prolonger sa journée pour effectuer une soudure à l’étain et colmater la fuite. Du travail d’orfèvre. Autres temps… De même, la compréhension dont ont fait preuve ce soir-là tous ces automobilistes que j’ai dû beaucoup ennuyer. Deux heures. Le temps de remonter la pièce, de bien l’ajuster et de bien la serrer. Il ne s’agit pas de retomber en panne dans le Morvan en pleine nuit ! Les 240 chevaux du moteur Magic se font de nouveau entendre, et c’est parti pour 600 kilomètres. Il faut livrer demain en Savoie. Deux heures dans la couchette après un casse-croûte pris dans un des très nombreux relais sur la RN 6 à l’époque. Ça devrait le faire… »

 

Cette rubrique est la vôtre. Elle a vocation à être illustrée par vos photos d’archives concernant les véhicules de transporteurs disparus ou existant encore aujourd’hui, accompagnées de vos anecdotes : quelle était l’entreprise ou le propriétaire (dont les noms de figuraient pas forcément sur les portières), où était-elle basée, qu’est-ce qu’elle possédait comme véhicules (même si l’on ne dispose pas de photos de ces derniers), quels étaient ses trafics, ses liaisons habituelles, ses clients, et même ses chauffeurs.
Si vous avez travaillé pour une maison de transport et que vous recherchez d’anciens collègues, dites-le nous, mais il vous faudra pour cela joindre une photo de votre véhicule de l’époque, ou d’un autre… Vos souvenirs et vos compléments d’information concernant une entreprise qui aura été évoquée sont les bienvenus.
Alors, à vos plumes ou à vos ordinateurs. Ensemble, nous ferons revivre de belles pages du transport en France…

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