Bonjour, j’ai très bien entendu comme beaucoup d’autres votre SOS concernant le non-remplacement de tous ces restaurateurs qui n’ont pas de relève. Et cela malgré tout le travail qui reste à faire. Beaucoup n’osent peut-être pas relever le défi ou d’autres se démoralisent peut-être en ayant commencé la tâche, ayant mal jugé l’importance du travail à effectuer. Dès lors, afin de faire avancer le schmilblick, comme disait un autre disparu, ne pourriez- vous pas consacrer un article ou mieux un hors-série sur le sujet afin que les amateurs potentiels sachent dans quoi ils vont mettre les pieds ? Voici quelques pistes : à quel âge commencer ? Travail en solitaire ou faut-il être entouré ? Quelles connaissances faut-il avoir ou le bon touche-à-tout s’en sortira-t-il ? Quel temps doit-on avoir à disposition ? Quel matériel ? Quel atelier ? Pour les travaux de sellerie et de capitonnage, y a-t-il encore des artisans abordables ? Hormis les pièces habituelles de mécanique ou de tôlerie, des joints de fenêtres de portes et autres durit ou flexibles, trouve-t-on cela facilement ?

Je vous laisse compléter la suite. Je suis de la génération de ceux qui voyageaient en écoutant Max Meynier tout en préparant les cours du lendemain et comme moi beaucoup ont un camion dans la tête. Alors, même si nous ne sommes plus de la première jeunesse, vous arriverez peut-être à en convaincre qu’ils sauront aider à transmettre à d’autres générations la beauté souvent toute en rondeurs de ces vieux usagers de la route qui ont fait leur boulot également pour faire avancer notre société et qui méritent plus que d’être juste transformés en boîtes de conserve. J’ai eu la chance comme d’autres d’avoir encore vu, dans les années quatre-vingt, ces nationales aux abords des relais routiers remplis de ces bahuts qui nous semblaient être habités par une âme qui hélas aujourd’hui me semble disparue. Alors merci à votre magazine de garder leurs souvenirs. Bonne continuation à vous et vos collègues.

Christian Stoffel

Réponse : Difficile de vous répondre tant les cas de figures sont nombreux. D’abord, pour envisager d’avoir un camion, il faut absolument avoir la place de le garer. Le parquer le long de la maison ne pourra jamais être une solution pérenne… Le remiser à l’abri est indispensable pour le protéger et pour éviter d’avoir des ennuis avec certains voisins. Et il n’y a pas d’âge pour devenir collectionneur. Dans le milieu du camion ancien, les « petits jeunes » côtoient les papys dans une joyeuse communion.
En ce qui concerne la restauration d’un véhicule, tout dépend de son état. Il est clair que, pour entreprendre la remise en état complète d’un camion, il faudra être un homme de l’art ou bien être très bricoleur. Et disposer d’outillage lourd : clés de grandes dimensions, cric poids lourd, portique voire pont roulant pour la dépose de la cabine, de la carrosserie et des organes. La plupart des collectionneurs qui se lancent dans des restaurations totales sont des transporteurs ou des garagistes. En revanche, si le véhicule acquis affiche un état correct, on peut envisager sa remise en état en solitaire si l’on est un peu bricoleur.
La réfection d’un circuit électrique, les petits travaux de soudure, les petites réparations sont à la portée de tous ou presque. Côté outillage, c’est celui d’un bon mécanicien : jeu de clés plates et à douilles, jeu de tournevis, pinces, marteau et fil de fer (l’ABC de l’outillage africain), burins, chasse-goupille, limes, scies, etc. Pour les travaux nécessitant un outillage spécial (arrache-moyeux par exemple), on pourra avoir recours à un garage. Même chose pour les travaux de sablage ou de peinture, même s’il est possible aujourd’hui d’effectuer ces tâches soi-même moyennant un investissement minimum. En se renseignant quelque peu, il est possible de trouver des artisans (très) compétents et travaillant pour des sommes raisonnables. Dans ce domaine, le bouche à oreille joue beaucoup. Même chose, voire encore plus, pour la question des pièces mécaniques et de carrosserie.
Pour la question du temps que prendra une restauration, il est impossible de répondre, car cela dépend énormément de l’ampleur de la tâche à mener à bien. Mais nous connaissons des restaurations qui se sont étendues sur six ou sept ans. Ceci montre que, quel que soit le temps dont on dispose, la restauration d’un véhicule est envisageable. En tout état de cause, pour un amateur désireux de posséder un véhicule, il paraît opportun voire indispensable de se rapprocher d’une association ou d’un groupe de collectionneurs qui pourront lui prodiguer des conseils utiles voire souvent une assistance matérielle. Et moi aussi, je suis de la même génération que vous et, moi aussi, j’écoutais « Les routiers sont sympa » sur RTL au lit (il fallait se coucher tôt car il y avait école le lendemain…). Si vous vous lancez, tenez-nous au courant.

Publié le

Photos

Droits réservés