Bonjour, j’ai été séduit par les récents articles sur la firme Derruppé complétant ceux, antédiluviens, datant du n° 10. En effet, je possède depuis 2014 un DB 4 dont une pièce de transmission porte la date de février 1964. Il date donc probablement de 1964. La note d’information technique Tramac-Derruppé n° 37 présente l’engin, équipé d’un moteur Alsthom 2R316 développant 23,5 chevaux à 2 100 tr/mn. La pression de travail est de 120 bar alors que les pneus avant sont des 10 x 24 et les pneus arrière des 7.60 x 15, qu’on devine à profil routier sur la (seule ?) brochure publicitaire connue. L’engin a bien une transmission à quatre rapports avec inverseur de marche donnant des vitesses maximales de 2,73 km/h, 5 km/h, 9,55 km/h et 18,8 km/h en marche avant et 2,6 km/h, 4,97 km/h, 9,45 km/h et 18,6 km/h en marche arrière. Le DB 4 peut soulever jusqu’à 1 000 kg, ce que je confirme à l’usage, si les quatre contrepoids arrière sont bien en place. Sur ce modèle, le plus petit de la gamme d’alors, un pare-intempéries ou un toit de protection figurent dans la liste des aménagements particuliers disponibles sur demande. Suivant la même note, les godets disponibles sont de 430 litres (390 litres « en eau ») de capacité nominale et, sur demande pour les matériaux peu denses, de 750 litres (650 litres « en eau »). La largeur est de 1400 mm dans les deux cas.
Sur un autre document que je possède, à savoir la fiche de préconisation des lubrifiants Total datée de mars 1968, sont mentionnés les DB 4, DB 5, DB 6 et DB 7. On peut donc raisonnablement imaginer que lesdits engins étaient encore produits, ou à tout le moins qu’ils étaient encore récemment fabriqués. Je possède un exemplaire de la brochure publicitaire du DB 4, distribué par les établissements R. Joulié, 6 rue Henri Dunant à Béziers. Leur numéro de téléphone cité étant le 28.55.59, on peut dater le document d’après 1963. Le prix de la machine est écrit au stylo, à savoir 36 000 francs HT avec le godet de série, 37 600 francs avec « benne articulée », la fameuse benne preneuse qu’on verra souvent sur les productions Derruppé. Mon modèle diffère de celui de la brochure par la forme des poignées de capot qui sont en aluminium coulé sur la brochure et en tôle pliée sur le capot de 1967 dont je l’ai équipé. Le bâti de bras diffère également : à pans coupés sur la brochure, en courbe douce sur le mien tout comme sur la photo du bulletin d’information Tramac-Derruppé n° 4 (non daté).
Sur ce dernier document, on voit le DB 4, le DB 5, le DB 7 (le DB 6 a disparu) ainsi que le 810 et le 820. Peut-on penser que ledit bulletin date de 1967 environ ? Je voudrais en profiter pour compléter le propos de Francis Pierre. Le DB 4 est en effet une machine très maniable. C’est un engin destiné à la « reprise au tas » davantage qu’au terrassement. Cependant, avec un godet neuf fabriqué spécialement pour le mien et en jouant avec le nombre de contrepoids, l’efficacité de l’engin peut devenir étonnante pour sa modeste puissance. Mon exemplaire avait 9 360 heures au compteur (débranché depuis… ?) lorsque je l’ai récupéré ; j’ai fait plus de 150 heures avec et manipulé facilement plus de 500 tonnes de terre et agrégats. Seul le freinage, par disque unique sur la transmission et à commande par tringlerie, est d’une efficacité tout juste suffisante. Dans les légendes des photos 15 et 16 de l’article du n° 315, Francis Pierre rappelle que la machine vibre diablement, et le mot est faible. Plus que les vibrations franchement perceptibles et propagées par la rigidité du montage du moteur, le bruit est assourdissant, le siège du conducteur, même refait, chauffe ostensiblement puisqu’étant directement positionné au-dessus du moteur. L’ensemble est embrassé par les odeurs d’huile chaude, de gas-oil et la fumée noire de la motorisation quand elle force. La régulation de la pompe d’injection Sigma CMS est réputée pour la réactivité de son régulateur à double rangée de billes ; elle gave généreusement le moteur !
Une journée de travail (j’en ai fait de nombreuses avec mon DB 4) laisse en effet une drôle de sensation dans le bas du dos et des acouphènes pour quatre jours. Et il est très facile de se pendre au godet, les roues arrière à 1 m du sol lorsque celui-ci est bien plein et qu’on manoeuvre en pente par exemple. En fait, l’engin est très court, surchargé de contrepoids à l’arrière et surchargé d’un godet monté très en avant du pont avant ; il est assez facile à déséquilibrer. En revanche, il a une adhérence incroyable dans cette configuration. Le mien n’est pourtant monté qu’en 11.00 x 20 chantier de type « poids lourds », moins adhérents que des pneus à sculpture agraire comme on peut en voir en général. Enfin, je m’étonne de ne voir que 251 exemplaires dans les chiffres de production. Mon exemplaire non plaqué date probablement de 1964 comme dit plus haut. Un exemplaire numéroté 4194 daterait de fin 1967 environ. Mais comment étaient-ils numérotés ? Peut-être peut-on expliquer ce faible succès par l’absence d’équipements comme la lame de remblai des DB 5, ou leur motricité moins bonne en roues simples par rapport aux roues jumelées des DB 5 de même puissance. Je pense surtout que le bras « normal » ne bénéficiant pas du parallèlogramme déformable breveté des autres modèles, il rend la machine moins efficace. Le godet « à articulation équilibrée » breveté par Derruppé également (d’après certains documents commerciaux) est cependant un atout (disponible sur tous modèles) pour l’efficacité de cette petite machine.
Je vous transmettrai des photos de mon DB 4. Merci à tous, merci à Francis Pierre.
Mes salutations,
Philippe Chazalon,
La Neuville-Sire-Bernard (Somme)
Réponse : Félicitations pour la récupération de ce DB 4 et merci pour tous ces détails éloquents. Nous avons un petit rectificatif à apporter à l’article paru : ce ne sont pas 251 mais seulement 151 DB 4 qui sont sortis des ateliers de Derruppé. Le premier produit en 1961 porte le numéro 4100, le dernier (en 1970) le numéro 4250. Le n° 4194 est effectivement sorti d’usine en 1967. Pour mémoire, les DB 5, beaucoup plus fabriqués, se voient attribuer les numéros de série 5100 (1962) à 6960 (1970) puis 55 001 (1970) à 55940 (1976), soit 2801 exemplaires fabriqués. Par ailleurs, le DB 6 sera pour sa part produit à 484 exemplaires de 1961 à 1970 (n° 3100 à 3583).
N’hésitez pas à prendre la plume ou à pianoter sur le clavier de votre ordinateur ou de votre portable pour nous faire part de vos réactions quant aux articles et aux photos parus dans Charge Utile. Les informations complémentaires et les rectifications éventuelles sont les bienvenues.
Pour nous joindre :
Charge Utile – Jean-François Colombet
22 rue Louis Baudoin – 91100 Corbeil-Essonnes
Publié le