Bonjour, je fais référence à l’autocar Mercedes O 302 récupéré par Autocars anciens de France et illustré dans le Courrier des lecteurs du n° 319 de Charge Utile, page 11, qui a éveillé en moi quelques souvenirs. Ce véhicule appartenait aux cars Compain des Aix-d’Angillon (Nièvre). J’ai travaillé pour ces derniers de janvier 1983 à janvier 1991. Courant 1989, suite au départ en retraite de Robert Compain, l’entreprise a été rachetée par la société Cariane. De 1983 à 1989, la flotte des cars Compain était composée majoritairement de Mercedes O 302 et de Setra S 110, S 120 et S 130, tous motorisés en Henschel, ainsi que de quelques Van Hool Alizée et Acron, d’une poignée de Mercedes O 303 et d’Unic-Fiat 370. En 1989, un renouvellement du parc fut opéré avec l’intégration de S 53 R et M provenant d’Uniroute, entreprise rachetée par Cariane peu auparavant, et de l’APTR (région parisienne).
Les Mercedes récents furent repeints aux couleurs de Cariane alors que les O 302 furent vendus à Jean-Michel Compain, et les vieux Setra probablement ferraillés. De nouveaux Van Hool, puis des Renault FR 1 et Tracer arrivèrent. Celui qui m’avait été affecté pendant six ans était un O 302.360.10 R de 1974, donc parmi les derniers produits. Il était doté d’une suspension mécanique plutôt dure et d’une porte battante. Ces O 302 avaient une immense qualité : ils roulaient sur la glace et la neige comme sur le bitume ! Une excellente répartition des masses faisait que l’adhérence n’était jamais prise en défaut, et nous avons ainsi assuré, en janvier/février 1985, le ramassage scolaire et ouvrier (usine Michelin en ce qui me concernait) sans défaillance, et presque sans retards, alors que la plupart des véhicules, particuliers comme professionnels, restaient au garage. Il faut aussi dire qu’à cette époque, le principe de précaution poussé jusqu’à l’absurde n’existait pas, et on assurait le service par tous les temps. Si une congère barrait le passage, on reculait, puis on s’élançait, et ce jusqu’à ce que ça passe. J’avais derrière mon siège une corde pour jouer les Saint-Bernard et sortir de leur situation désespérée les rares automobilistes coincés au bord ou en travers de la route. Lorsque la température descendait en-dessous de – 10°, et ne dégelait pas le jour, nous ajoutions jusqu’à 30 % d’essence dans le gazole et enlevions les filtres si ça ne suffisait pas. Je me souviens d’avoir dû démonter ces filtres dans un village à 4 h du matin, éclairé par la torche d’un ouvrier Michelin, et sans même un chiffon pour m’essuyer les mains ! Les antigels de l’époque n’étant pas ce qu’ils sont aujourd’hui, les canalisations alimentant les radiateurs de chauffage depuis le moteur restaient désespérément gelées.
Nous nous équipions alors de bottes de moto fourrées et de gants épais, dans compter une bonne capuche par-dessus un gros bonnet de laine. Les canalisations d’air des freins gelaient aussi, et ce malgré l’alcool qu’on y introduisait, et il est arrivé un moment où nous roulions avec le seul frein à main à câble pour nous arrêter ; bon, nous étions seuls sur la route, mais quand on y pense aujourd’hui… Quant à ceux qui avaient une suspension pneumatique, lorsqu’elle était gelée, ils roulaient sur les butées ! Une seule fois, j’ai déclaré forfait, parce que l’intérieur du pare-brise se couvrait de glace. Après le froid vint le redoux et les barrières de dégel qui nous imposaient de rouler à 60, voire 40 km/h. Le problème fut vite contourné au moyen d’un élastique qui retenait l’aiguille du tachymètre, mais progressivement, afin de ne pas avoir un diagramme « plat »… Paul Hurley, Veaugues (Cher)
Réponse : Merci pour ce témoignage d’une autre époque. Et pourtant, ce n’était pas dans les années vingt !
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