Le réchauffement climatique ne fait à présent aucun doute et il apparaît indispensable de diminuer nos émissions de CO2. Il existe un certain nombre de moyens pour y parvenir. La propulsion électrique des véhicules est un de ceux-là mais elle ne saurait être la seule. Et pourtant, c’est la seule que l’Union européenne semble avoir retenue, avec de multiples effets pervers.

D’abord, l’UE veut obliger les constructeurs à se convertir à l’électrique. Et pour cela, elle a dégainé un arsenal coercitif sans précédent. Dernier exemple en date, en 2025, les constructeurs qui n’auront pas atteint les objectifs de réduction des émissions de CO2 produits par les véhicules qu’ils auront vendus devront s’acquitter d’énormes amendes, lesquelles pourraient atteindre une quinzaine de milliards d’euros.

Mais attention, la Commission européenne, dans sa grande mansuétude, a toutefois laissé la possibilité aux constructeurs de passer des alliances en constituant des groupements où les émissions des véhicules seraient consolidées. En clair, les constructeurs traditionnels achèteraient des crédits carbone aux spécialistes des véhicules électriques, dont les émissions comptent pour zéro.

Deux groupements de constructeurs se sont constitués. Le premier (auquel participe Stellantis) rachèterait des crédits à l’Américain Tesla, le second à Smart, une entreprise codétenue par le Chinois Geely et Daimler-Benz. Le groupe Renault n’a pas annoncé sa participation à un groupement pour le moment.

En clair toujours, les constructeurs européens, déjà rudement concurrencés par des véhicules électriques fabriqués aux États-Unis et en Chine, vont devoir faire de jolis cadeaux financiers à ces mêmes concurrents faute de ne pas produire que des véhicules électriques ! On marche vraiment sur la tête. Mais qui prend ces décisions ineptes dans l’UE sinon les députés européens ? Souvenez-vous en lors des prochaines élections.

Il serait grand temps de réfléchir de façon pragmatique au problème global de réduction des émissions de CO2 en considérant toutes les options possibles et sans dogmatisme, faute de quoi c’est toute l’industrie automobile européenne qui ira droit dans le mur. Celle du poids lourd n’est pas mieux lotie, nous y reviendrons.

Bonne lecture.
Jean-François COLOMBET

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