Il se passe quelque chose… Sur le marché européen, les ventes de voitures électriques reculent. C’est encore plus le cas sur le marché français, avec une baisse de 33 % en août. Principale raison : la suppression des aides de l’État. La question du coût d’acquisition réapparaît et elle est cruciale. Si l’on n’enregistre pas le même phénomène pour les camions et les autobus, c’est que les subventions à l’achat sont encore non négligeables ou bien que l’acheteur (souvent une collectivité) est prêt à assumer le surcoût pour prendre sa part de la décarbonation et verdir son image. Mais de là à penser que l’ensemble du secteur du transport peut basculer sur l’électrique… Les constructeurs se démènent pour prouver que l’acheteur pourra récupérer une part importante du coût d’acquisition à l’usage en réalisant des économies sur le prix du carburant (l’électricité) et l’entretien. Mais, dans le meilleur des cas, on n’arrive jamais au même coût qu’un diesel, et ce sans parler de l’investissement — qui peut être énorme pour une entreprise de transports de plusieurs dizaines de véhicules — nécessaire pour se doter de l’installation de recharge.
Alors qui paiera ? Certainement pas les États, dont la situation financière — la France en est le meilleur exemple — ne le leur permet pas ou plus d’assumer des aides importantes et en nombre nécessairement croissant. Pas les transporteurs non plus, dont la rentabilité est déjà très ténue. Le consommateur alors ? Cela paraît peu probable, d’autant qu’il risque — au moins en France — de voir ses dépenses s’accroître encore en raison des hausses des impôts ou taxes et du prix de l’énergie. Les mois qui viennent vont être cruciaux car, si la baisse des ventes devait perdurer, l’Union européenne devrait en prendre acte et modifier les règles qu’elle a établies en matière de décarbonation et c’est toute leur stratégie que les constructeurs devraient revoir. Renault Trucks, Volvo, Mercedes et à présent MAN (qui prévoit qu’un camion sur deux de sa marque sera électrique en 2030) misent d’ores et déjà sur le tout électrique. Comment réagiront-ils le cas échéant ? Nous vous souhaitons une agréable lecture.
Jean-François COLOMBET
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