Lorsqu’il fonde son entreprise de transports en novembre 1975, Jean-Marie Martin, alors domicilié au 5 rue de Sartrouville à Colombes (Hauts-de-Seine), rachète un Berliet TR 280 très récent aux transports Pécoul international de Gennevilliers (même département). À son volant, il ira jusqu’en Arabie Saoudite. C’est alors la grande époque de « la ligne », celle du Moyen-Orient. Le véhicule demeure peint en vert avec toit et pare-chocs noirs, les couleurs de l’entreprise J. Pécoul international. Cette dernière affrète les transports Martin. « Tonton Angelo », le responsable de l’affrêtement chez Pecoul, est un ancien de chez Onatra. Plus tard, il créera Carry international, dont les célèbres Daf blancs seront omniprésents sur « la ligne ».
Attelé à une semi plateau, le TR 280 est garé en octobre 1977 rue Jean Bonal à Colombes devant le domicile d’un ami de Jean-Marie. Notre homme prend fièrement la pose devant son camion, en compagnie de son épouse Chantal et de son ancien patron, Gaby Fontenay. Chez ce dernier, il effectue d’abord des courses en Peugeot J 7 avant de partir sous les drapeaux. Une fois libéré, il roule pour son propre compte avec un J 7 puis un Saviem SG 4, affreté par le même Gaby. (photo 1)
Ces trois ensembles, de gauche à droite le TR 280 de Jean- Marie, un Volvo TF 88 et un Scania LB 111 T, viennent de charger des éléments mécano-soudés pour l’Arabie Saoudite, mais qui ne seront convoyés par la route que jusqu’au port de Marseille. Arrivés à destination, les tracteurs laisseront les semi sur le port et remonteront en solo. Le Volvo et le Scania appartiennent aux transports Pastor, un autre affreté de Pecoul. (photo 2) Les deux mêmes tracteurs sont immortalisés à la faveur d’une halte durant le même transport. (photo 3) Voilà le TR 280 revenu au bercail, rue de Sartrouville à Colombes. Ce tracteur se révélera très fiable ; seules les électro-valves commandant le passage de l’étage de la boîte Berliet étant parfois capricieuses. Mais Jean-Marie jugera sa puissance un peu faible pour le grand international. Il le revendra pour acheter un Scania LB 141 T à moteur V8 de 375 chevaux. (photo 4)
Nous sommes en juillet 1978. Avec son TR 280, Jean-Marie part pour l’Arabie accompagné par un Daf FT 2805 DKS des transports Pécoul. Le fret est composé de tuyaux et de matériel de construction chargés chez Auger à Aubervilliers (Seine- Saint-Denis) et chez Bouygues à Longjumeau (Essonne). À la frontière franco-italienne, à l’entrée du tunnel du Mont Blanc, les douaniers italiens se mettent en grève, sûrement pour regarder le match de football retransmis à la télévision, et ils ferment carrément le poste de douane, forçant les chauffeurs de véhicules à attendre. Furieux, Jean-Marie et plusieurs de ses collègues dont Sim, chauffeur des transports Pécoul (que l’on voit ici devant le Daf), décident de bloquer la douane côté français. Le blocage dure une semaine et fait grand bruit. Une partie de la France leur emboîte le pas. Max Meynier lui-même, qui anime l’émission « Les routiers sont sympa », descend rencontrer les chauffeurs. Tous les soirs, c’est une Estafette de la gendarmerie nationale qui emmène Jean-Marie et ses collègues jusqu’à un restaurant proche pour le dîner ! (photo 5) Le TR 280, qui tracte ici une semi savoyarde à col de cygne de chez Pécoul international, est photographié sur le ferry qui l’emmène sur l’île de Gregiolimano, une petite île grecque, en août 1979. L’ensemble transporte… les bagages et les planches à voile des clients du Club Méditerranée local ! Jean-Marie assurera plusieurs voyages du même genre pour équiper des hôtels rachetés par le Club Méditerranée. Le véhicule est tout seul sur le ferry, détourné de son itinéraire habituel. Arrivé à destination, l’ensemble débarquera sur le ponton de ski nautique de l’hôtel, faute d’accès pratiquable par la route ! (photo 6)
Cette rubrique est la vôtre. Elle a vocation à être illustrée par vos photos d’archives concernant les véhicules de transporteurs disparus ou existant encore aujourd’hui, accompagnées de vos anecdotes : quelle était l’entreprise ou le propriétaire (dont les noms de figuraient pas forcément sur les portières), où était-elle basée, qu’est-ce qu’elle possédait comme véhicules (même si l’on ne dispose pas de photos de ces derniers), quels étaient ses trafics, ses liaisons habituelles, ses clients, et même ses chauffeurs.
Si vous avez travaillé pour une maison de transport et que vous recherchez d’anciens collègues, dites-le nous, mais il vous faudra pour cela joindre une photo de votre véhicule de l’époque, ou d’un autre… Vos souvenirs et vos compléments d’information concernant une entreprise qui aura été évoquée sont les bienvenus.
Alors, à vos plumes ou à vos ordinateurs. Ensemble, nous ferons revivre de belles pages du transport en France…
POUR NOUS JOINDRE :
Charge Utile – 22 rue Louis Baudoin – 91100 Corbeil-Essonnes
Par courriel : chargeutile@histecoll.com
Publié le
Texte
Photos
Droits réservés