Le site dédié à la Convention citoyenne créée à l’initiative du gouvernement a vu arriver de nombreuses propositions émanant de citoyens français. Il en est une qui a déjà fait beaucoup parler d’elle, et pour cause, voyez plutôt. Rédigée le 13 janvier dernier par une certaine Jassifun (nous aurions bien aimé connaître son nom, si elle veut bien l’avouer, de façon à pouvoir en discuter), elle est rédigée en ces mots : « À terme, la circulation des automobiles de collection devrait être interdite. Les voitures de collection doivent être traitées comme les armes de collection et être passivées. Ce sont des armes contre la planète et (elles) doivent être considérées comme telles. Cela peut se faire soit en les immobilisant définitivement (soudure des parties mobiles) ou en remplaçant leur moteur par un système non polluant. L’élimination des automobiles de collection diminuera en outre la fascination pour l’automobile, la moto, etc. »

On croit rêver… La France, pays des libertés ? Prenons garde à ce que ce genre de proposition ne se concrétise jamais. Dans l’état, celle-ci n’a aucune chance d’être retenue. Dans le cas inverse, on imagine la guerre que cela provoquerait (et pas seulement au figuré !). Qui sont ces ultras qui se permettent ce style de proposition ? Qui se donnent le droit d’interdire ce qu’ils n’apprécient pas. Jassifun est une fumeuse ? Interdisons la cigarette, dont la combustion dégage largement plus de dioxyde de de carbone que la respiration humaine ! Elle utilise un portable pour passer SMS et courriels ? Interdisons les portables dont l’usage oblige à recourir à des serveurs qui dépensent une énergie colossale en cumul et contribuent à polluer la planète ! Et son vélo fabriqué en Chine, il faudra qu’elle le fabrique elle-même, son simple transport jusqu’en Europe par bateau ayant compensé ses deux ou trois premières années d’utilisation.

Restons sérieux, il y a d’innombrables pistes pour tenter de diminuer notre consommation d’énergie — et donc nos émissions de polluants. Le transport maritime, justement. Le transport aérien pour les aéronefs les plus anciens. La taxation de produits à l’importation suivant leur empreinte carbone. La réglementation de l’éclairage et plus encore de la publicité nocturnes. L’obligation de recyclage pour ce qui ne l’est pas encore. L’organisation de la réparabilité des appareils, pour éviter leur remplacement systématique… En ce qui concerne les véhicules de collection, la dernière enquête menée en 2014 par la FFVE de 2014 sur les usages des véhicules de collection nous apprend qu’ils ne représentent que 1,5 % du parc automobile (et encore, ceci paraît exagéré) et que 60 % d’entre eux font moins de 1 000 km par an.

Par ailleurs, sur le plan économique, les véhicules de collection font vivre environ 20 000 personnes et font perdurer certains métiers d’art dont le savoir-faire s’éteindrait avec eux. Ajoutons que la plupart des dépenses faites en rapport avec les véhicules de collection sont réalisées en Europe et non pas en Chine ou ailleurs. Autrement dit, les véhicules de collection font vivre notre économie et participent à la richesse nationale. Et nous n’avons pas évoqué leur dimension patrimoniale… Méfions-nous de ces ayatollahs qui pensent pouvoir se permettre, par ordinateur interposé, d’imposer leur mode de vie à la terre entière. Sauvons la planète, certes, mais en se posant les bonnes questions.

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