Dans le no 361 de Charge Utile, Étienne Flament nous présente des modèles réduits en provenance des pays de l’Est. Parmi les autobus décrits dans cet article, le Laz 695 m’a immédiatement fait penser au Magirus O 6500 de par sa forme générale (hormis les doubles optiques) avec son écope de refroidissement du moteur débouchant à l’arrière du toit.
Le O 6500 le plus célèbre est celui ayant transporté la Mannschaft, championne du monde de foot en 1954 en Suisse. Vous pouvez retrouver des images de cet évènement sur le site du musée Magirus-Iveco (https://magirus-iveco-museum.de/weltmeis-ter-1954/). Présenté au salon de l’automobile 1951, le O 6500 est le premier car à moteur arrière de la firme Magirus. Installé dans le porte-à-faux arrière, le gros V8 à refroidissement par air de type F8L614 de 170 chevaux DIN est le même que celui qui est monté sous le capot du nouveau camion S 6500 présenté à ce même salon de Francfort. Il s’agit encore d’un car avec un châssis. Une version courte de ce dernier (empattement de 4,50 m contre 5,70 m pour le O 6500) dénommée O 3500 H (pour Heckmotormodel, c’est-à-dire modèle à moteur arrière) sera produite à partir de 1953. C’est le V6 de 125 chevaux DIN type F6L614 qui l’animera.
Le O 6500 subira deux modifications esthétiques et fonctionnelles au cours de sa production : en 1954, remplacement de la prise d’air de ventilation de l’habitacle présente sous le logo Magirus par une trappe située sous le pare-brise ; en 1957, suppression de l’écope de refroidissement arrivant sur le toit. Elle est remplacée par deux grilles d’aspiration situées sous les dernières baies latérales et deux grilles d’évacuation sur le capot moteur. Ce modèle sera remplacé à partir de 1957 par une nouvelle génération de cars à structure autoportante, le Saturn II.
Magirus aurait-il alors vendu une licence de production aux Russes comme il l’a fait à de nombreuses entreprises ? On peut citer Tam en Yougoslavie (aujourd’hui en Slovénie), Nasco en Égypte, Samil en Afrique du Sud, Üver en Turquie ou encore Pars Lux en Iran. Mais aucune trace de Laz n’est présente dans la documentation consultée. C’est finalement dans l’histoire de la firme Laz que j’ai fini par trouver l’explication (merci Wikipédia). En effet, lorsqu’en 1955 l’état russe demande à cette firme de développer un car à moteur arrière, elle achète deux cars modernes allemands : un Mercedes O 321 et un Magirus O 6500. Ainsi la technique de fabrication avec une structure autoportante est-elle inspirée du O 321 tandis que la forme générale du véhicule et la prise d’air sur le toit sont reprises du O 6500. Le moteur provient de chez Zil. Ce modèle sera produit en série de 1958 à 1964. Les nombreuses similitudes extérieures entre ces deux véhicules n’étaient donc pas un hasard ! Longue vie à votre revue que je reçois toujours avec enthousiasme.
Jean-Christophe Luthringer, Quincey (Haute-Saône)
Réponse : Quelle érudition ! Merci pour toutes ces précisions qui éclaireront les lecteurs qui s’étaient fait la même remarque.
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