C’était la mémoire du camion Bernard. Notre ami Pierre Raffin s’en est allé le 12 décembre dernier après avoir beaucoup souffert. Grand par la taille et par le coeur, Pierrot était toujours souriant et débonnaire. Altruiste aussi. Il n’hésitait jamais à dépanner un amateur aux prises avec la difficile restauration de son Bernard en lui prodiguant des conseils, en lui communiquant les documents idoines voire en lui envoyant (gracieusement !) les pièces dont il disposait, parfois sans un remerciement en retour. Pierrot, c’était la bonté faite homme, avec une passion chevillée au corps, celle des camions Bernard qu’il avait conduits, pour des patrons puis à son compte, allant jusqu’à changer trois pneus de 12.00 x 24 sur un aller-retour Paris-Marseille avec un « six roues ». Pierrot avait même travaillé au Sahara à la grande époque, gagnant des fortunes et en dépensant tout autant. Il ne regrettait rien.
Son plus grand bonheur, c’était d’avoir restauré une épave de CA 4 LWA de 1947 à moteur 105 chevaux et de l’avoir remis sur la route. Il était capable en un clin d’oeil de jauger un Bernard et de dresser la liste de tout ce qui n’était pas d’origine. Il en a sauvé, des camions… Je garderai un souvenir ému de ses visites régulières à mon bureau, où nous allions déjeuner dans un petit restaurant italien avec sa compagne, et où il me racontait de nouveau ses aventures. Je buvais ses paroles et j’en apprenais à chaque fois. Pierrot souffrait depuis des années d’osthéoporose, une maladie qui faisait pleurer ce colosse pourtant dur à la douleur. C’est encore autre chose qui l’a terrassé. Adieu mon ami Pierrot. J’espère que, là-haut, tu roules en Bernard. Nous adressons toutes nos condoléances à sa compagne et à sa famille.
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