Certains établissements civils ou militaires sont devenus mythiques tout en restant relativement mystérieux aux yeux du grand public. Le Centre d’essais des Landes est de ceux-là.

Créé en 1964 sous l’impulsion du général de Gaulle, il a vocation à étudier et tester les vecteurs de lancement des missiles nucléaires stratégiques dont la France s’est dotée dans le cadre de la mise en place de sa force de dissuasion nucléaire, et à remplacer les sites abandonnés par l’armée française après l’indépendance de l’Algérie. Le centre d’essais de lancement de missiles (CELM) situé près de Biscarosse (Landes) et qui sera communément dénommé Centre d’essais des Landes (CEL), s’étend sur quelque 15 000 hectares en bord de mer. Il abrite des silos multicoups qui permettront de tirer des missiles tactiques ou stratégiques non armés au-dessus de l‘océan Atlantique. Mais les activités du CEL vont largement dépasser ses objectifs initiaux. Le site devient un des seuls centres européens susceptibles de tester des missiles et des systèmes d’armes en conditions réelles. La nature des terrains de ses emprises est également mise à profit pour former des personnels à la conduite en terrain sablonneux.

Enfin, le périmètre accueille des unités d’active dont le 17e groupe d’artillerie. Du fait de ses activités spéciales, le centre, devenu aujourd’hui DGA-EM (Direction générale de l’armement-essais missiles) a vu passer des centaines de véhicules. Aux voitures, camionnettes, camions, autocars et engins affectés au site — parmi lesquels les modèles courants côtoient des véhicules spécialisés— se sont joints des véhicules en essais, des véhicules de servitude très spécialisés et aussi nombre de véhicules de passage. Par ailleurs, la nature du site (celle de ses activités comme celle des milieux naturels qu’il renferme) exige une protection spéciale des installations et des personnels qui y sont stationnés ou qui y transitent. C’est pourquoi le CEL a toujours possédé son propre service d’incendie et de secours, lequel présente la particularité d’être géré par un détachement de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris. Le 101e hors-série Charge Utile est justement entièrement consacré aux véhicules du CEL, des origines à aujourd’hui. S’il était impossible d’être exhaustif, les plus de 280 photos qui l’illustrent en constituent une belle évocation, avec un certain nombre d’oiseaux rares, l’ensemble étant accompagné de l’histoire du site et de ses essais. Les amateurs y retrouveront une variété de véhicules, de la camionnette au véhicule chenillé, de l’ensemble semi-remorque à la grue automotrice et de la benne au véhicule d’incendie…