1 | Le véhicule le plus rare présent sur
le camp était certainement ce camion
Morris-Commercial CVS, qui devrait
être du type 11/40 datant de 1939. Si
tel est le cas, c’est un modèle de 3 ton
de charge utile équipé d’un moteur de
65 chevaux. Ce camion britannique
mérite une restauration complète ; il
est peut-être le dernier survivant de
ce modèle.
Les conditions sanitaires ayant empêché toute manifestation du printemps au mois d’août, les organisateurs du Pas‑de‑Calais libéré 2020 ont dû batailler avec l’administration pour présenter un dossier qui prenne en compte les diverses recommandations gouvernementales pour un accueil du public.
Ainsi, en plus des règles de distanciation, les visiteurs ont été astreints à un parcours fléché en sens unique. Le feu vert ayant été donné par la préfecture vers le 15 août, il a fallu de toute urgence mobiliser des collectionneurs pour célébrer le Pas-de-Calais libéré, un rassemblement qui devait avoir lieu du 4 au 6 septembre. Finalement, 170 véhicules se sont présentés, pour la plus grande joie du public venu nombreux. Mais à cause de la quarantaine obligatoire au retour sur les îles britanniques, aucun citoyen de sa Gracieuse Majesté n’avait franchi la Manche avec son véhicule…
2 | Autre matériel anglais de la période
1939/1945, ce Daimler Dingo est un
véhicule de reconnaissance très apprécié
de ses utilisateurs britanniques à
l’époque. Légèrement blindé, il était le
plus souvent armé d’un fusil antichar
Boys. Son moteur six cylindres à essence
Daimler de 2,5 litres et 55 chevaux
est accouplé à une boîte de vitesses
à cinq rapports avant et cinq rapports
arrière avec commande présélective ;
l’ensemble pouvait emmener le véhicule
à près de 90 km/h.
3 | Fidèle aux commémorations du Pas-de-
Calais libéré depuis plus de vingt ans, notre
ami Daniel était venu en voisin avec son
Chevrolet C 8 A HUP. Ce camion d’origine
canadienne fait partie de la grande famille
des CMP (Canadian military pattern)
construits par Chevrolet et Ford. Les C 8
sont les poids plumes de la série, avec une
charge utile de 400 kg environ (8 cwt).
Seul Chevrolet fabriquera des C 8 A HUP,
petits véhicules 4 x 4 destinés au transport
de personnel. Celui-ci porte le camouflage
dit « en oreilles de Mickey ».
4 | Il y avait plusieurs chars sur le camp.
Nous avons choisi de vous en montrer un que l’on ne voit pas souvent, un char léger
M3A3. Dérivé du char M3, il conserve son
moteur Wright Continental développant
250 chevaux. Son armement principal est
constitué d’un canon de 37 mm. Celui-ci a
été restauré aux couleurs du char « Hyères »,
de la 2e division blindée du général Leclerc.
5 | Ce half-track M16 a été restauré
aux couleurs de la 1re division blindée
polonaise commandée par le général
Maczek, laquelle a libéré nombre de
localités entre Abbeville et Breda (Pays-
Bas), dont Hesdin, Aire-sur-la-Lys et
Saint-Omer dans le Pas-de-Calais. C’est
une production White, dotée d’un moteur
éponyme type 160 AX, un six cylindres
à essence de 6,3 litres et 128 chevaux.
L’armement est constitué d’un affût quadruple
de mitrailleuses Browning M2 de
12,7 mm, un ensemble particulièrement
efficace pouvant tirer aussi bien sur des
cibles aériennes que terrestres.
6 | Cette Ford M8 a été photographiée
juste après la sortie du camp le samedi
matin. Il n’était pas nécessaire de garder
les masques sur les véhicules lors des
déplacements. Répondant à un appel
d’offres de l’US Army, l’automitrailleuse
M8 se révèlera finalement excellente.
Armée principalement du canon de
37 mm M6, elle est équipée d’un six
cylindres Hercules JXD développant
110 chevaux. Elle est rapide, sa vitesse
maximale dépassant les 90 km/h.
7 | Un rassemblement sans GMC est
impensable, ce véhicule ayant été le
plus produit durant la Seconde Guerre
mondiale. En voici un qui est équipé de
la cabine amovible (shelter HO 17) dotée
du poste de transmission SCR 399. Ce
poste permettra des communications
fiables avec l’Angleterre lors de l’opération
« Torch », l’invasion de l’Afrique
du Nord en 1942, et sera abondamment
utilisé jusqu’à la fin du conflit et même
longtemps après-guerre. Pour son alimentation
électrique, ce camion tracte
habituellement un groupe électrogène.
8 | Le Dodge T 214 WC 54 est la version
sanitaire de la série WC ¾ ton. il
peut emporter quatre soldats blessés
sur brancards. La particularité de celui-ci
est le trèfle à quatre feuilles peint sur
son capot. La crainte des autorités militaires
de l’utilisation de gaz toxiques
avait conduit à la création d’une peinture
réactive. Le plus souvent, celle-ci était
appliquée entre les branches de l’étoile
d’identification et la couronne extérieure,
mais il en est autrement ici. Plus d’étoile,
mais un trèfle en lieu et place. Certains
soldats souhaitaient conjurer le mauvais
sort par des symboles positifs, comme le
fer à cheval ou ce trèfle à quatre feuilles
censés porter chance.
9 | Un groupe de collectionneurs belges
était venu avec des camions Chevrolet,
d’origine américaine cette fois. Le plus
rare est la version Panel G 7105 de notre
ami Bart Decocq. Ce fourgon a le plus
souvent été équipé de coffres latéraux et
de postes de transmissions (il est alors
dénommé K51 dans l’inventaire des matériels
américains), mais il servira aussi
sous cette forme, en particulier dans la
police militaire.
10 | Le Chevrolet 1 ½ ton 4 x 4 a existé
en version benne, avec ou sans treuil
frontal. Dépourvu de feu de black-out
et doté du premier type de grille de
calandre en serpentin, ce véhicule doit
être un modèle des premiers contrats,
un G 4112 ou un G 4152 datant d’avant
1942. Extérieurement, il se distingue de
la version cargo par l’absence de bavettes
encadrant la roue arrière. Pour la photo,
le conducteur a légèrement levé la benne.
11 | Les Chevrolet 1 ½ ton 4x4 ont habituellement
une monte jumelée à l’arrière,
sauf la version G 7128 de transport de
bombes M6. Ce véhicule est aussi le seul
Chevrolet à disposer d’une cabine bâchée
et peut transporter trois soldats sur une
banquette fixée du côté droit. Établi sur
un châssis raccourci, ce camion est équipé
d’un palan d’une capacité maximale de
1 800 kg pour déplacer les bombes.
Construit à 7 868 exemplaires, il peut tracter
une remorque porte-bombes (exceptionnellement
plusieurs), sur laquelle huit
bombes étaient arrimées pour un trajet
court sur le tarmac des bases aériennes.