1 | Principale nouveauté de ce défilé, le
Jaguar est entré en dotation au 1er régiment
de chasseurs d'Afrique, une unité
basée à Canjuers dans le Var. Ce véhicule
qui fait partie du programme Scorpion est
un engin très polyvalent, doté de divers
équipements d'auto-protection, tels les
détecteurs d'alerte laser, de départs de
missiles ou de tirs. Ce véhicule 6 x 6 est servi
par trois hommes. Armé principalement d'un
canon de 40 mm à munitions télescopées,
il dispose également d'un tourelleau armé
d'une mitrailleuse de 7,62 mm téléopérée
et de quatre missiles de moyenne portée,
dont deux sont prêts au tir. Pesant 25 tonnes
en ordre de combat, il atteint les 90 km/h
en vitesse maximale avec une autonomie
de 800 km environ.
Le défilé 2022 avait pour slogan « partager la flamme », en référence en particulier aux différents sportifs de haut niveau invités et à l'organisation des prochains jeux olympiques de 2024.
Partager la flamme aussi au combat, avec l’invitation de détachements d’armées de pays appartenant à l’Otan et ayant frontière commune avec la Russie. Le défilé mécanisé a compté 158 véhicules. Cet article présente des véhicules photographiés aussi bien lors des répétitions faites à Brétigny-sur-Orge que le jour J dans les avenues menant à la place de l’Étoile avant leur positionnement dans le dispositif.
2 | Le 1er régiment de tirailleurs d'Épinal
(Vosges) est le troisième régiment à avoir
été doté de VBCI en 2011. C'est à bord
de celui-ci, baptisé Solferino 1859, que
votre serviteur a participé à l'une des
répétitions à Brétigny. Le VBCI (véhicule
blindé de combat d'infanterie) est
armé principalement d'un canon-mitrailleur
Giat de 25 mm M811 ayant une cadence de tir de 400 coups par minute.
L'armement secondaire se compose d'une
mitrailleuse coaxiale MAG 58 de 7,62 mm
et de lanceurs de fumigènes Galix. Il est
animé par un six cylindres turbo Volvo
D 12 développant 550 chevaux.
3 | Les camions Caesar sont sous les feux
de la rampe depuis quelques semaines,
avec la livraison à l'armée ukrainienne d'une
quinzaine de ces véhicules. La portée du
canon de 155 mm, long de 52 calibres
(soit un peu plus de 8 m), est d'environ
42 km. Construite chez Nexter, la pièce
est ensuite montée sur un châssis Renault
Sherpa 5 6 x 6. Les camions qui ont roulé
sur les pavés parisiens appartiennent au
40e régiment d'artillerie de Suippes (Marne).
4 | Pour la protection des Caesar, le
régiment a en dotation des Acmat
TPK 4.25 STL équipés de la plate-forme
Paméla (plate-forme d'adaptation Mistral
équipée, légère, aérotransportable). Ils
sont armés du missile sol-air Mistral, de
courte et très courte portée. La dernière
version dénommée F3 peut atteindre un
drone jusqu'à 7 000 m.
5 | Autre véhicule de protection rapprochée,
le VAB T 20/13 est armé d'un
canon de 20 mm. Les VAB de ce type
ont reçu un surblindage. Étudié à l'origine
pour engager des cibles aériennes,
ce véhicule peut également être utilisé
contre des éléments d'infanterie ou des
blindés légers.
6 | Entré en service au début des années
quatre-vingt-dix, l'EBG (engin blindé
du génie) a été revalorisé entre 2011
et 2014. L'EBG Vulcain est animé par
un moteur huit cylindres développant
750 chevaux, propulsant ses 42 tonnes
à 65 km/h sur route. Sa mission est de
supprimer ou de créer des obstacles. Il est
équipé d'une lame à l'avant et d'un bras
de manutention terminé par un godet de
120 cm, lequel peut être remplacé par une
pince à grumes ou un marteau-piqueur.
Son armement se compose d'une mitrailleuse
ANF1 de 7,62 mm et de divers pots
lance-fumigènes.
7 | Au moment de la revalorisation des
EBG, il a été décidé d'en transformer
une douzaine en SDPMAC (système de
déminage pyrotechnique pour mines antichars).
Ces véhicules sont dotés d'un
lanceur de 20 roquettes, créant une
dépression faisant exploser les mines.
Le bras de manutention est supprimé sur
cette version. Les EBG Vulcain et SDPMAC
sont en service au 19e régiment du génie
de Besançon (Doubs).
8 | L'EFA (engin de franchissement de
l'avant) est un véhicule spectaculaire.
Large de 4,05 mm (et jusqu'à 7,10 m
lorsque les flotteurs sont gonflés), il
atteint 34,55 m de long avec ses deux
rampes articulées déployées. Il peut être
utilisé comme pont ou bien comme bac.
Quatre hommes forment l'équipage
de ce véhicule. Accusant un poids de
44,5 tonnes, cet engin est animé par un
moteur V12 développant 730 chevaux qui
lui permet d'atteindre plus de 80 km/h
sur route.
9 | Autre nouveauté sur les ChampsÉlysées,
ce tracteur Scania P 410 CA
6 x 6 EHZ remplace les Renault TRM 10000
utilisés jusqu'alors. Il tracte ici une semi-remorque
CNIM chargée d'une vedette de
pontage type F2 pesant 6,5 tonnes et
fabriquée par la Cefa (Chaudronnerie et
forges d'Alsace), là même d'où sont sortis
les EFA. Le Scania est équipé d'une cabine
blindée profonde. Cet ensemble est en
dotation au 19e régiment du génie.
10 | Très similaires extérieurement,
les stations Linx et SAEC travaillent en
binôme. Si la première se charge de
localiser et d'intercepter les émissions
ennemies, la seconde prépare la riposte.
Surprise lors des répétitions, cette station
Linx appartient au 54e régiment de
transmissions d'Haguenau (Bas-Rhin).
11 | Les VAB ont encore quelques beaux
jours devant eux. Le 54e régiment de
transmissions a reçu récemment de
nouvelles versions pour la guerre électronique.
Celui-ci est une station Bison,
dont la mission est de brouiller les ondes
de radio-communication. L'antenne est
ici rabattue mais elle est bien sûr dépliée
en opération.
12 | Stationnée avec les autres véhicules
de remplacement (au cas où l'un des véhicules
titulaires pour le défilé viendrait à
tomber en panne), voici la station Scipion,
une autre version utilisée par le 54e dans
la guerre électronique.
13 | Des Peugeot P 4 ont été reconstruites
et cédées par l'armée de terre à celle
de l'air. Deux de ces véhicules étaient
en tête du détachement de l'escadre
aérienne d’appui aux opérations, une
unité venue de la base aérienne 106
de Bordeaux-Mérignac (Gironde). Cette
unité est chargée de la construction des
différents bâtiments nécessaires lors
des projections. Sur cette photo, on
distingue une partie de la grue Liebherr
LTM 1055‑3.1 AF de ce détachement, un
engin cédé dans les mêmes conditions
que les P 4, mais ayant conservé paradoxalement
son immatriculation d'origine
de l'armée de terre.
14 | Plusieurs des engins de cette unité ont
participé au défilé. La plupart de ceux-ci
étaient chargés sur des semi-remorques
porte-engins Trouillet tractées par des
Renault K 520 6 x 4 T. Celui-ci est une
foreuse Sedidrill SD 410, un véhicule chenillé
utilisé lors de forages à la recherche d'eau.
15 | Un autre véhicule est cette auto-bétonnière
Fiori DB 260. L'unité en compte
quatre, trois de 1 m3 de capacité, et
celle-ci de 3 m3. Les capacités peuvent
sembler petites mais il faut dire que ces
machines sont censées intervenir dans
un environnement où les routes sont
inexistantes.
16 | Il y a aussi quelques porteurs Renault
K 380 4 x 4 à caisse bâchée. Celui-ci
tracte une petite remorque sur laquelle
a été installée une mini-pelle Caterpillar
303.5 ECR.
17 | Le défilé se termine habituellement
par la brigade de sapeurs pompiers de
Paris. Parmi les véhicules participants,
nous avons sélectionné le nouveau bras
élévateur articulé sur châssis Scania
P 410 B 6 x 2*4 Type 2. On remarquera
que, pour le défilé, les camions ont
repris leurs anciennes immatriculations,
BEA 10 pour ce Scania ; ils retrouveront
leurs matricules civils à l'issue de la
présentation.
18 | Au côté du BEA défilait un FMoGP
(fourgon mousse grande puissance).
Établi sur un châssis MAN TGS 33.440
6 x 4 BB, ce camion est équipé d'une
citerne de 9 500 litres d'eau et d'une
autre de 1 000 litres d'émulsifiant permettant
de produire une mousse plus
efficace que l'eau pour certains types
d'incendies, comme les feux industriels
ou d'hydrocarbures.
19 | Intéressons nous maintenant à
certains véhicules qui n'ont pas eu la
chance de battre le pavé des Champs. La
société Technamm a livré 500 Masstech
T 4 à l'armée de terre entre avril 2017
et novembre 2018. Elle a depuis livré
50 camionnettes pour les forces spéciales.
Mais celui-ci fait partie encore
d'un autre lot. De plus, son architecture
est complètement différente des
matériels déjà livrés, avec deux portes
à l'avant seulement. La partie arrière
comporte deux banquettes installées
dans le sens de la route. Ce véhicule est
en service dans l'armée de l'air.
20 | Un Renault Kerax 400.32 8 x 4 CLD
(camion lourd de dépannage) a accompagné
depuis Toul (Meurthe-et-Moselle)
les Renault TRM 700.100 T 6 x 6 et autres
Sisu E-Tech E 12 M 480.35 T 6 x 4 du
516e régiment du Train.
21 | Pour assurer le transport des matériels
lourds depuis la base de Brétigny
jusqu'à Paris, plusieurs ensembles
porte-char ont été sollicités. Et tous les
TRM 700.100 T ne venaient pas de Toul
et du 516. Celui-ci est en dotation au
511e régiment du Train basé à Auxonne,
une commune proche de Dijon en
Côte d'Or. Sur la semi-remorque Lohr
SRPC 60 a été chargé un LRU (lance-roquettes
unitaire) du 1er régiment d'artillerie
de Belfort (Territoire-de-Belfort).
Doté d'un moteur Mack V8 turbo de
700 chevaux, le tracteur TRM 700.100 T
peut atteindre une vitesse maximale de
75 km/h sur route.
22 | Au début des années deux-mille,
les tracteurs Renault ont été épaulés
par des tracteurs fournis par la marque
finlandaise Sisu, ayant à ce moment
des accords de distribution avec le constructeur français. Une nouvelle
série de semi-remorques Nicolas a dû
être commandée, le parc de semi portechar
étant insuffisant. Cet ensemble
déplace un EFA (engin de franchissement
de l'avant). Ce dernier est posé sur
le plateau, les roues ayant été rétractées
dans leur logement.
23 | Pour conclure, place à un véhicule
de la gendarmerie mobile. Il s'agit d'un
nouveau VCT (véhicule de commandement
et de transmission) basé sur un
châssis Iveco Daily de 5,5 tonnes de
PTC. Ce camion, tête de série, remplacera
à terme les Renault B 110 utilisés
jusqu'à présent.
Publié le
5 septembre 2022