• C’était hier…
En août 2008, Thierry Heraut passe ses vacances en Corse. À Propriano, il découvre sur un terrain de l’entreprise Orazzi un certain nombre de véhicules très divers qu’il s’empresse de photographier. Les clichés de ces camions ont déjà été en partie publiés dans Charge Utile mais il est plaisant d’y revenir. Inutile de préciser que, depuis, le terrain a été nettoyé et que les véhicules ont disparu. Mais on peut espérer que certains d’entre eux ont pu être récupérés… Commençons par un cliché qui fera rêver plus d’un collectionneur, malgré l’état des véhicules. Il montre en effet trois Lancia 3 Ro, a priori tous trois des versions militaires 3 Ro Mil. à moteur cinq cylindres à essence de 6,875 litres et 91 chevaux. Ces camions construits à partir de 1943 pour l’armée italienne ont probablement été remotorisés.

• 45 dans son jus
Près des Lancia stationne alors ce Citroën 45 U carrossé en plateau à ridelles et réimmatriculé en Corse en mars 1963. Bien qu’attaqué par la corrosion, ce camion de 1950 environ est a priori encore sauvable. Son moteur est le six cylindres à essence maison de 4,578 litres délivrant 73 chevaux à 2 500 tr/mn.

• Tancarville
Ce Saviem Tancarville fait également partie des véhicules garés sur le terrain. En dépit du climat corse relativement sec, il paraît avoir beaucoup souffert de son exposition aux intempéries. Il semble que l’on ait affaire à un R 1531, dernier modèle de la lignée des Fainéant à châssis long. Si tel est bien le cas, son moteur est un six cylindres horizontal 130.10 Fulgur de 6,84 litres et 120 chevaux. Réceptionné en juillet 1960 à 15,9 tonnes de PTC, le R 1531 sera fabriqué à quelque 1 432 exemplaires jusqu’en 1966.

• Rareté italienne
Parmi les raretés stockées sur le terrain figure ce rare Fiat 626 NL, un modèle de 3 tonnes utiles datant lui aussi de la Seconde Guerre mondiale. Très décrépit avec une cabine signée Viberti effondrée, il est animé par un six cylindres diesel 326 de 5,75 litres délivrant 70 chevaux à 2 200 tr/mn. Chaussé de pneus de 210 x 20, il affiche un PTC de 7,6 tonnes. Le 626 NL sera fabriqué de 1940 à 1948.

• Décomposé
Non, finalement, le climat corse n’est guère clément et l’air salin venu de la mer attaque salement les carrosseries, comme en témoigne ce pauvre Berliet TR 250 dont la cabine Relaxe s’est quasiment effondrée sur elle-même. Au vu de sa couleur, il pourrait s’agir d’un ancien tracteur de la flotte d’Esso. Mis en circulation vers 1972, ce véhicule est équipé d’un six cylindres M 635.40 CP de 12,024 litres et 250 chevaux bien relayé par une boîte ZF AK 6.80 avec relais GV 80 donnant 2 x 6 rapports.

• Sauvé ?
L’un des véhicules les plus intéressants du site est certainement ce Berliet TLM 15 M, acquis d’occasion en mai 1978 et datant de 1960 environ. Au moment où le cliché a été pris, il semblait sauvable. Gageons que ce véhicule a survécu. Réceptionné à 35 tonnes de PTR, le maximum légal à l’époque pour les ensembles articulés, le TLM 15 M prend la suite du TLM 15 R au Salon 1958. Il est équipé du nouveau six cylindres MDO 3 M de 14,78 litres doté de l’injection directe Magic qui porte sa puissance à 240 chevaux. La boîte reste la même. C’est une FBO 3 à 2 x 5 rapports avec commande par deux leviers, la même que celle des GBO et TBO.

• Mon GLM
Éminent collectionneur de camions anciens, Pierre Malenfant de Pouldreuzic (Finistère) est depuis peu l’heureux propriétaire d’un Berliet GLM 12 6 x 4 immatriculé neuf en août 1967. Le véhicule souffre visiblement des attaques de corrosion habituelles des cabines Berliet Relaxe mais il est restaurable et complet. Pierre recherche des collectionneurs possédant le même type de véhicule pour pouvoir échanger sur ce modèle « ayant participé à la gloire de Berliet » (ce n’est pas faux). Il peut être joint au 06 49 95 56 12. À notre connaissance, aucun GLM 12 6 x 4 n’a été préservé en collection. Il existerait un GLM 12 6 x 4 S survivant en Corse… Pourtant, ces deux modèles qui se différencient par leur seul système de freinage ont été fabriqués au total à plus de 3 000 exemplaires mais la quasi-totalité de ces véhicules ont été ferraillés ou bien expédiés à l’export, principalement en Afrique noire. Introduit en décembre 1964, le GLM 12 6 x 4 dispose d’un six cylindres M 635.40 AD de 240 chevaux (puissance qui passe à 250 chevaux fin 1968) et d’une boîte FBT 9 F à 2 x 5 rapports.

• Joli bruit
En plus de son activité de collecte de déchets, la société Covalde de Magnanville (Yvelines) possède également une activité d’entretien de matériels de TP, élévateurs et de véhicules souvent atypiques. Témoin, cette dépanneuse sur châssis Scania LT 146 de 1981, animée par un V8 de DS 14.01 de 14 litres et 375 chevaux assorti d’une boîte Scania à 2 x 5 rapports. Comme l’écrit Arnaud Zaccomer, qui travaille dans l’entreprise, « les échappements verticaux sont d’une sonorité charmante ! ». Mécaniquement, ce camion est correct mais sa cabine a beaucoup souffert des outrages du temps. Arnaud en recherche donc une. Il est joignable au 06 09 41 63 12. Nous ne voulons pas le décourager mais sa quête risque d’être difficile… Très peu de LT 146, version 6 x 4 lourde du L 141 à capot, seront immatriculés en France. On en trouvera en transport lourd chez Cauvas et Straumann, en tracteur grumier et en dépanneuse.

• Relique
Dans la zone industrielle de Longvic, dans la banlieue de Dijon (Côte-d’Or), Jacques Deligny a repéré ce vieux camion restauré et exposé en « pot de fleurs » à l’entrée du site de l’entreprise de travaux publics Lahaye, aujourd’hui disparue et remplacée par une agence de la société Colas du groupe Bouygues. Il s’agit a priori d’un Berliet CBAC extensivement transformé. Le châssis du véhicule a été raccourci, ses bandages ont été remplacés par des pneus montés en simples à l’arrière et sa caisse plateau à ridelles a été déposée au profit d’une « sauterelle », c’est-à-dire un élévateur à bande. Il y a fort à parier pour que le quatre cylindres à essence Z d’origine ait cédé la place à un diesel. Ainsi transformé, ce véhicule restera longtemps en activité.

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