Il était une fois... C’est généralement comme cela que commence une belle histoire. Celle du premier R 312 commercialisé le fut à Caen, après la mise en exploitation des neuf probatoires et de six véhicules de présérie dans différentes villes françaises.

Fin 1987, le réseau CTAC (Compagnie des transports de l’agglomération caennaise) qui irrigue la plus belle ville du Calvados accueille donc le tout premier Renault R 312 doté de ses trois portes sur une longueur de 12 m, d’où son appellation. Il se nommera 401 et sera hébergé au dépôt de la Sphère à Hérouville-Saint-Clair. Après avoir vaillamment parcouru 657 000  km dans les rues caennaises, le véhicule est réformé mais Martial Leroux, alors président de l’association Car-Histo-Bus, Caennais lui aussi, ne peut se résoudre à le voir partir à la casse, car tel semble être son funeste destin. Remuant ciel et terre et surtout grâce à l’aide bienveillante des élus régionaux, l’autobus lui est officiellement remis en grande pompe en le 2 mars 2007 par Michel Rémy (directeur de Renault Trucks Blainville) et Sylvie Morin-Mouchenotte (alors présidente de Viacités, le syndicat mixte des transports de l’agglomération), sur le site Renault Trucks de Blainville-sur-Orne.

Alors commence sa deuxième carrière. À plusieurs reprises, il prête son concours à des manifestations liées à la ville de Caen. Ainsi assure-t-il le transport des adhérents de l’association de jumelage Caen-Nashville et des membres américains de Sister Cities of Nashville à travers les rues de la préfecture du Calvados, en 2011 et 2013. Bill Purcell, alors maire de Nashville, comme ses administrés, et Robert Tate, ancien consul des États-Unis pour le Grand Ouest, nous font l’honneur de leur présence à son bord. Et l’on ne compte plus les sorties associatives avec les adhérents de Car-Histo-Bus dans notre belle région normande !

Remisé en local fermé à Ifs, Grandcamp-Maisy, Nangis puis Mézidon, il a toujours bénéficié d’attentions, de contrôles techniques favorables et d’un entretien rigoureux (pneumatiques, vidanges, filtres, remplacement légaux des réservoirs d’air et autres suivis du bon état de sa carrosserie et de sa sellerie) afin de le maintenir autant que faire se peut dans le meilleur état possible. C’est ainsi que le 4 août 2021, alors qu’il se dirige vers la concession Renault Trucks de Carpiquet (Calvados) afin d’y bénéficier d’une vidange et de divers contrôles, le moteur s’arrête soudainement en pleine côte du périphérique de Caen. C’est alors le début de l’agonie du 401. Le verdict tombe tel un couperet : « Le moteur a serré et il faut le remplacer ! ».

Voilà ce que nous annonce le chef d’atelier du garage. Aux 1 100 € de remorquage s’ajoutent ainsi quelque 600 € de diagnostic enrubanné d’environ 29 000 € pour un échange standard proposé par Renault Trucks, sauf si l’on peut fournir un moteur, auquel cas la facture s’abaisserait aux alentours de 10 000 € ! Il est alors bien évident que les finances de notre association ne sont pas proportionnées pour de telles dépenses, loin s’en faut ! Toutefois, un transporteur régional et passionné de cars, bus et camions nous propose amicalement de le remiser, bien sûr temporairement, sur son domaine dans la Manche et, malgré un prix d’ami, il faut bien encore rémunérer le transport du bus sur un porte-engin…

Alors maintenant, c’est la mort dans l’âme que Car-Histo-Bus envisage de le diriger vers la casse, ce que l’association lui avait évité en son temps On imagine avec douleur le moment où la pelle hydraulique lui donnera le coup de grâce lorsque ses grosses pinces viendront lui déchirer le toit, puis les vitres puis le reste, enfin ce qu’il en restera… Sauf si… et c’est ici un dernier appel que Car-Histo-Bus lance en désespoir de cause, une association, une entreprise, un mécène… vient au secours de ce véhicule. Suite à nos recherches de solutions, on connaît déjà un autre R 312 capable de lui donner son moteur. Par ailleurs, une entreprise se montre capable de lui refaire son moteur. La dépense semble se monter à environ 10 000 € dans chacun des deux cas précités… Alors, à votre bon cœur !

Toutefois, l’association ne serait pas opposée à une cession du véhicule pour l’euro symbolique, à prendre sur place, du moment que sa destruction promise lui est évitée. Tout sauf la casse !

Martial Leroux, président de Car-Histo-Bus, est joignable au 06 78 83 15 00 ou par courriel à l’adresse martial.leroux@car-histo-bus.org

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