Didier Rundstadler de Neuf-Brisach (Haut-Rhin) a extrait plusieurs cartes postales fort intéressantes de sa collection. La scène illustrée sur la première montre le poste frontière entre la France et la Suisse à Saint-Louis (Haut-Rhin), a priori vers 1950. Dans le flot de voitures contrôlé par les douaniers, on reconnaît entre autres une Matford V8, une Simca 8, une Peugeot 301 CR, plusieurs Citroën Traction avant, une Opel Kapitän cabriolet, une Renault Juvaquatre fourgonnette et la voiture d’un gradé de l’armée américaine. Sur la voie du tramway, un Saurer 6 BLD benne chargé de terre tente de se frayer un passage. À gauche, sous l’avancée, stationnent un autre Saurer et un autocar C 6 G1 des Transports Citroën. Au centre, les deux autocars sont un Chausson AP1 et un Isobloc, probablement un W 843 M, garé à côté d’un Ford 598 T de la Croix rouge….

Faisons un bond en arrière d’une petite cinquantaine d’années pour nous retrouver sur la place du marché de Stenay (Meuse). Devant la pharmacie (et la fabrique d’eaux gazeuses ?) stationne une voiturette à pétrole, peut-être une Peugeot. En arrière-plan, devant l’imprimerie-librairie, on découvre un omnibus à vapeur, probablement un Purrey. La rue n’est pas encore encombrée par les véhicules…

Quelques années plus tard, en 1915, nous voilà rue de Cercamp à Frévent, toujours dans la Meuse. Nous sommes en pleine Première Guerre mondiale et pas très loin de la ligne de front. Des véhicules de l’armée sont garés tout au long de la rue. À gauche, c’est un torpédo de bonne taille, probablement une voiture d’officier. Derrière, ce sont des remorques fourgons qui semblent être d’anciens chariots hippomobiles. Le camion de droite est un des premiers Berliet CBA livrés à l’armée. Juste derrière, on distingue l’arrière d’une sanitaire. Des enfants insouciants jouent dans la rue, à quelques kilomètres de l’enfer des tranchées…

Cette photo envoyée par Renaud Sicard d’Athis-Mons (Essonne) révèle un tracteur à chenilles original, surpris vers 1956. A priori, il s’agit d’un Hanomag 60 du milieu des années cinquante, propulsé par un quatre cylindres de 60 chevaux. Cet engin a reçu un équipement de chargeur de type overloader à déchargement vers l’arrière, mais sur lequel a été montée une lame de bulldozer que son conducteur utilise ici pour déplacer une structure de cloison. Merci à Francis Pierre pour son précieux concours.

Sur cette carte postale colorisée un peu kitsch issue de la belle collection d’Hervé Comby de Meymac (Corrèze), on découvre le quai des Belges et ses jardins à Marseille (Bouches-du-Rhône) vers 1957. Alors que César et Monsieur Brun sirotent ptobablement une anisette sur une terrasse du port, la circulation déverse son flot de voitures et de camionnettes (Citroën 2 CV, Mercedes 180, Opel Rekord, Peugeot 203 et 403, Renault 4 CV et Dauphine, Simca Aronde…). Un autobus Chausson ASH 50 à trois portes (442) de la RATVM amorce son virage, suivi de près par un trolleybus Vetra CS 60… 20 exemplaires de ces autobus Chausson à moteur Somua de 130 che-vaux seront livrés à la Régie de novembre 1950 à septembre 1951. Il s’agit ici d’un des exemplaires « départementaux » (par opposition aux « municipaux ») peints en deux tons de bleu et affectés à l’origine à la ligne 40 reliant Noailles à Aubagne. Cet autobus qui porte le numéro de voiture 502 circule ici sur la ligne 49. La série sera réformée entre 1960 et 1961. 76 exemplaires de trolleybus CS  60 circuleront par ailleurs à Marseille. Celui de cette photo est le n° 32 construit sur châssis Berliet.

Dans les années quarante et cinquante, Raphaël Farlet d’Angers (Maine-et-Loire) est chauffeur aux transports Vilalta établis dans la même ville. Il pilote un Berliet GDM 10 W carrossé en plateau à ridelles bâché et chargé le plus souvent d’une citerne de 86,51 hectolitres. Le véhicule est attelé à une remorque citerne de 105,80 hectolitres dépourvue de freins… Au volant de son camion, Raphaël parcourt environ 3 000 km par semaine à la vitesse maximale de 68 km/h, effectuant cinq ou six voyages entre Angers et le Berry. Mais le 25 avril 1953, l’ensemble est victime d’un accident. Chargé de 192 hectolitres de vin, il est violemment heurté par un camion de l’armée américaine arrivant en sens inverse, alors qu’il traverse le village de Cérons (Gironde). Le choc arrache l’essieu arrière de la remorque. Le camion américain poursuit sur sa lancée à pleine vitesse, heurte un mur 50 m plus loin et termine sa course dans une vigne. Raphaël était dans la « couchette » (en fait un coffre à outils aménagé) du GDM au moment du choc, le Berliet étant conduit par son copilote, Auguste Sorin, âgé de 25 ans. Le chauffeur du camion américain, complètement ivre, avait embarqué deux jeunes femmes à son bord, qui seront blessées dans l’accident. Peu touché, le Yankee prendra en revanche le poing de Raphaël en pleine figure…

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